Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/203

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sième, qui est d’autant plus sensible qu’on se rapproche plus du point milieu de l’intervalle donné.

Après beaucoup d’expériences sur ce sujet, M. Tartini conclut que si l’on considère la suite des fractions et qu’on ajuste autant de sons qui aient le même rapport entre eux que les termes de cette suite, deux sons voisins quelconques produiront toujours, pour troisième son, le premier son qui répond au terme Or, en examinant la concurrence des vibrations de tous ces sons, on trouve qu’elle ne peut avoir lieu qu’après un nombre de vibrations égal au dénominateur de la fraction qui exprime les sons correspondants ; ainsi les deux sons exprimés par et par ne deviennent concurrents qu’après cinq vibrations du premier et six du second, et ainsi des autres ; d’où il s’ensuit qu’en comparant le nombre des concurrences au nombre des vibrations de chaque son particulier, le troisième son produit par deux de la série précédente devrait toujours être exprimé par ce qui donne proprement l’octave de celui qui est résulté à M. Tartini. Mais on sait que la différence entre un son et son octave est souvent insensible à l’oreille, par la facilité naturelle que nous avons de les confondre ensemble ; donc, si l’on substitue au troisième son de M. Tartini son octave au-dessous, les résultats de ces expériences deviendront en tout conformes à ceux que nous donne notre théorie. On doit être d’autant plus porté à admettre cet échange d’un son dans son octave, que M. Serre, dans son ouvrage sur les Principes de l’Harmonie de 1753, en faisant mention des expériences de M. Tartini, nous rapporte que les troisièmes sons produits par des tierces majeures et mineures se trouvent précisément à l’octave basse de ceux de M. Tartini.

Nous avons parlé plus haut de l’expérience des battements de M. Sauveur, et nous avons vu qu’ils répondent exactement aux concurrences des vibrations ; il y a donc tout lieu de croire qu’ils sont de même formés par la rencontre de deux sons, et qu’ainsi leur explication dépend entièrement de la théorie que nous venons de donner. Il est donc vraisem-