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de m. lagrange

teurs plus timides relèvent quelquefois des erreurs dans les Ouvrages d’un Euler, d’un d’Alembert ou d’un Lagrange, et c’est ainsi que de très-grands génies peuvent ne pas s’accorder tout d’abord, faute de s’être lus avec assez d’attention pour se bien comprendre.

La première réponse d’Euler fut de faire associer Lagrange à l’Académie de Berlin. En lui annonçant cette nomination, le 2 octobre 1759, il lui disait : Votre solution du problème des isopérimètres ne laisse rien à désirer, et je me réjouis que ce sujet, dont je m’étais presque seul occupé depuis les premières tentatives, ait été porté par vous au plus haut degré de perfection. L’importance de la matière m’a excité à en tracer, à l’aide de vos lumières, une solution analytique à laquelle je ne donnerai aucune publicité jusqu’à ce que vous-même ayez publié la suite de vos recherches, pour ne vous enlever aucune partie de la gloire qui vous est due.

Si ces procédés délicats et ces témoignages de la plus haute estime devaient flatter un jeune homme qui n’avait pas vingt-quatre ans, ils ne font pas moins d’honneur au grand homme qui, tenant alors le sceptre des Mathématiques, sait accueillir ainsi l’Ouvrage qui lui montre son successeur.

Mais ces éloges sont consignés dans une lettre ; on pourrait croire que le grand et bon Euler a pu se laisser aller à quelqu’une de ces exagérations que permet le style épistolaire ; voyons donc comment il s’est ensuite exprimé dans la dissertation que sa lettre annonçait. En voici le début :

Après m’être longtemps et inutilement fatigué à chercher cette intégrale (postquam diu et multum desudassem… necquicquam inquisivissem), quel a été mon étonnement (penitus obstupui) lorsque j’ai appris que dans les Mémoires de Turin le problème