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de m. lagrange

conseillé de chercher un asile qu’il aurait trouvé si facilement. Tant que la révolution ne parut menacer que le traitement dont il jouissait en France, il avait négligé cette considération pour la curiosité de voir de plus près une de ces grandes secousses qu’il serait toujours plus prudent d’observer d’un peu loin. Tu l’as voulu, se répétait-il à lui-même, en me confiant ses regrets ; en vain un Décret spécial, proposé par Duséjour, à l’Assemblée constituante, lui avait assuré le payement de sa pension ; vainement lui eût-on tenu parole, la dépréciation du papier-monnaie suffisait pour rendre ce Décret illusoire. Il avait été nommé Membre d’un Bureau de consultation chargé d’examiner et de récompenser les inventions utiles ; on l’avait fait l’un des Administrateurs de la Monnaie, mais cette Commission lui offrait peu d’objets capables de fixer son attention, et ne pouvait en aucun sens dissiper ses inquiétudes. On voulut de nouveau l’attirer à Berlin, et lui rendre sa première existence ; il y avait consenti. Hérault de Séchelles, à qui il s’était adressé pour un passe-port, lui offrait pour plus de sûreté une mission en Prusse. M. Lagrange ne put consentir à quitter sa patrie ; cette répugnance, qu’il regardait alors comme un malheur, fut pour lui une source de fortune et de gloire nouvelle.

L’École Normale, dont il fut nommé Professeur, mais qui n’eut qu’une existence éphémère, lui donna à peine le temps d’exposer ses idées sur les fondements de l’Arithmétique, de l’Algèbre et de leurs applications à la Géométrie.

L’École Polytechnique, fruit d’une idée plus heureuse, eut aussi des succès plus durables ; et parmi les meilleurs effets qu’elle a produits, nous pouvons mettre au premier rang celui d’avoir rendu M. Lagrange à l’Analyse. Ce fut là qu’il eut occasion de