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Fafard qui était habitué à ces actes d’intelligence de la part de son chien de file, comprit qu’il fallait faire diligence. Il se leva aussitôt et se mit en route, après s’être réconforté d’une bonne tasse de café qui avait mijoté toute la nuit sur le feu qu’il avait fait avant de se coucher.

Fidèle fut si ardent à la tâche que, le soir, cinquante-trois milles avaient été parcourus, par une tempête comme on en voit très peu souvent, même sur la Côte. Ils avaient enfin atteint les Sept-Îles quand la tempête redoubla de violence. Fidèle qui n’avait pas volé son repas quotidien, se régala de ce que son maître put lui donner de meilleur.

La violence de la tempête empêcha Fafard de se remettre immédiatement en route, et le départ fut retardé de deux jours. La tranquillité de Fidèle indiquait d’ailleurs qu’il était plus prudent d’attendre.

Au matin du troisième jour, Fidèle commença à aboyer et à montrer des signes d’anxiété, sans toutefois témoigner de l’enthousiasme à partir.

Fafard était un peu inquiet de l’attitude de son chien ; mais comme il n’y avait pas de temps à perdre, il résolut quand même de se mettre en route. Une journée compte pour beaucoup dans un cas comme celui-ci, se disait-il, et il ne voulait pas porter la responsabilité d’être en retard.

Ayant informé le médecin de l’état fiévreux de la malade et des circonstances qui entouraient cette maladie grave, l’homme de l’art en conclut qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Cet homme courageux et habitué aux misères de la Côte, ne se fit pas prier pour se mettre en route. Il étendit une peau d’orignal sur le cométique, puis se couvrit de la superbe peau d’un ours qu’il avait lui-même tué à la chasse.

Fafard, debout sur l’arrière du cométique, commanda ses chiens. Fidèle prit le chemin de la Rivière-Moisie avec toute son ardeur coutumière, et y alla avec tant d’entrain, qu’on crut qu’il ambitionnait de parcourir toute la distance des soixante-treize milles qui les séparaient de la Rivière-au-Tonnerre, d’un seul trait.