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Sa fortune lui permit d’attacher un médecin au dispensaire, et plusieurs jeunes filles suivirent un cours régulier sous sa direction. Elle acheta ce qui manquait à l’institution et fit montre d’un dévouement à toute épreuve. La tempête n’était jamais assez forte pour l’empêcher d’aller au secours des malades, si loin fussent-ils.

Sa santé n’en était que meilleure et elle sentait revenir ses forces d’autrefois ; ses joues se colorèrent de nouveau et, à part la mélancolie dont ses yeux gardaient la trace ineffaçable, toute apparence de maladie disparut, et sa beauté se manifesta de nouveau.

Antoinette Dupuis quitta la Rivière-au-Tonnerre au milieu du regret universel, et Angéline se chargea de sa succession. Ayant maintenant une mission à remplir, la vie lui semblait moins amère. Elle pourrait demeurer sur la Côte, son cher pays qu’elle aimait d’un amour véritable, et se dévouer pour cette brave population, à laquelle elle était attachée par les fibres les plus intimes de son être. Elle n’avait pas renoncé à la vie religieuse ; mais elle résolut de rester dans son village tout en cherchant sa voie.


XIII


La nouvelle de la découverte de cette mine d’or, qui avait apporté à Jacques une telle fortune, se répandit dans tout le Canada et aux États-Unis, et une armée de « prospecteurs », chercheurs d’or, se rua sur la Côte le printemps suivant.

Comme beaucoup de ces aventuriers se rendaient sur la Côte, sans les préparatifs nécessaires pour voyager dans cette forêt infinie, où aucune habitation ne pouvait leur donner asile, plusieurs revenaient malades et demandaient refuge au dispensaire, soit de la Rivière-au-Tonnerre, soit de la Rivière-Saint-Jean.

Les deux dispensaires furent agrandis aux frais d’Angéline, qui y voyait un moyen efficace de soulager la misère