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de ces chercheurs d’or, en qui elle revoyait un peu de son cher Jacques.

— Ah ! comme il aurait été heureux, disait-elle souvent, de trouver asile dans un endroit aussi confortable.

Les deux dispensaires étant venus à déborder, Angéline en fonda de nouveaux un peu partout et on eut recours au gouvernement pour avoir des gardes-malades supplémentaires ; mais l’appel du gouvernement pour les gardes-malades étant demeuré presque sans résultat, les dispensaires végétaient, faute de personnes compétentes pour en prendre charge. Le médecin avait beau se multiplier, il ne pouvait suffire à sa tâche.

Tout en travaillant, Angéline suivait un cours régulier de gardes-malades, et elle fut bientôt en état de graduer. Plusieurs jeunes filles de la Côte, se joignirent à elle et en peu de temps une petite communauté unie par les liens de fraternelle charité, faisait l’admiration des habitants.

— Pourquoi n’adopteriez-vous pas le costume religieux ? leur suggéra un jour le curé.

— Nous serions ridicules, Monsieur le Curé, répondirent-elles presque à l’unisson.

— Pas tant que cela, mes enfants. Mais vous pourriez au moins accepter une règle de vie religieuse ?

— La règle nous va mieux que l’habit, Monsieur le Curé, répondit Angéline, au nom de ses compagnes. Pour porter l’habit il faudra d’abord s’en rendre digne !

— Vous avez raison, mes enfants, vous avez raison.

Les petites Sœurs vivant en communauté modifièrent graduellement leur habit, qui fut bientôt transformé en habit religieux, sans que la transition leur fût trop sensible.

Le vieux curé qui achevait son pèlerinage sur cette terre d’exil, où la persécution du « petit Père Combes » l’avait jeté, voyait sa longue carrière couronnée par ce qui avait été le rêve de sa vie de missionnaire au Canada : fonder une communauté de Sœurs pour le soin des malades.

Angéline, de son côté, méditait souvent sur la prédiction de sa bonne Mère Supérieure de Sillery, lui disant qu’elle ferait une Sœur de Charité ; mais son humilité