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Monsieur le Curé est aussi bien bon pour nous, ce qui atténue un peu notre malheur.

Je dois prendre charge temporairement de la maison, pour aider mon pauvre père qui se fait vieux et que cette dernière épreuve a failli tuer. Priez, chère bonne Mère, pour lui conserver la vie, car je me sentirais bien désemparée s’il fallait qu’un double malheur arrivât.

J’ai été fidèle à l’Ave Maria que je vous ai promis, et j’en ai ajouté un autre pour le bon vieux capitaine. Je vous demande en retour, avec instance, le secours de vos efficaces prières et vous prie d’agréer, très Révérende Mère, les sentiments les plus respectueux

De votre humble petite fille
Angéline Guillou.


XVII


Le mois de juillet se passa sans incidents remarquables. Après avoir vaqué aux soins du ménage, Angéline visitait Antoinette Dupuis au dispensaire et s’intéressait beaucoup aux travaux de celle-ci, se renseignant sur tout. De son côté, le plaisir d’avoir enfin rencontré une compagne aussi aimable et intéressante fit paraître moins lourd et plus attrayant à Antoinette Dupuis son séjour à la Rivière-au-Tonnerre. Elle appréhendait moins la venue de l’hiver, son premier qu’elle passerait sur la Côte, et ce n’était pas sans une certaine crainte qu’elle voyait venir la saison froide, bien que le dispensaire fût abondamment pourvu de combustible.

Le dimanche précédant l’Assomption, le curé annonça en chaire un événement sortant de l’ordinaire. Il venait en effet de recevoir du capitaine Bouchard une lettre, lui annonçant que lui-même et ses officiers assisteraient à la grand’messe dans son église le jour de l’Assomption, fête patronale des Acadiens. Il venait remplir le vœu qu’il avait