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DEUXIÈME PARTIE

I


Les fêtes de la Noël et du Jour de l’An passèrent comme passent tant de choses ici-bas, sans laisser de traces profondes, mais qui contribuent cependant à tuer le temps, après quoi la monotonie reprend ses droits. C’est ainsi qu’il en fut à la Rivière-au-Tonnerre au cours de la saison froide, qui parut encore plus longue à Angéline à cause de son état d’âme.

Il y eut bien une fois ou deux comme diversion, au cours de l’hiver, la visite du médecin des Sept-Îles qui fut appelé pour des cas de maladies graves, mais ces incidents étaient vite oubliés, malgré l’intérêt momentané que suscitait toujours l’arrivée du cométique du médecin. Les commères s’en donnaient à cœur joie pour quelques jours, puis tout retombait dans le silence.

Le curé-missionnaire était aussi parfois mandé auprès de quelque sauvage se mourant au fond des bois ou auprès de quelque famille de blancs émigrés pour la chasse. Ce bon vieillard, qui ne pouvait se coucher sur son cométique à cause d’une maladie qui le minait depuis de longues années, s’en était fait construire un où il avait mis son ingéniosité à profit, au grand amusement de ses paroissiens qui s’imaginaient ne pouvoir voyager en cométique autrement qu’étendus de tout leur long.

Le long hiver se passa ainsi à s’amuser du moindre petit incident pour tuer le temps et la monotonie.