— N’en faisions pas de cas, dit Marguerite à sa compagne. « C’étà » un polisson.
— Demande donc à Monsieur le Curé, dit Varsovie Sainfoin.
— C’est un marsouin des airs ! continua de crier le gamin dans les oreilles des commères.
— Laissions faire, dit Varsovie Sainfoin, yétions comme sa mère, y manquions un bardeau.
— Si c’est un marsouin des airs, ça marchions pas sur la terre, reprit Marguerite.
— Tiens, la v’là qui cré le gamin à Bernard, elle !
L’immense oiseau, qui s’était approché du rivage, décrivit deux courbes harmonieuses et vint se poser tranquillement, en fendant l’eau de sa quille, dans la petite anse en face de l’église.
— Yétions tombé à l’eau ! s’écria Marguerite Brindamour. Pour sûr qu’il allions se noyer.
Un jeune homme hâlé et de haute stature, portant le costume d’aviateur, sortit de l’hydravion et fit signe qu’on aille à sa rencontre.
En moins de temps qu’il faut pour le dire, deux solides rameurs étaient en route pour aller à la rencontre de l’aviateur. Après avoir jeté l’ancre, il prit place sur l’embarcation et se dirigea vers la grève. Mettant le pied à terre, il pressa le pas vers Monsieur le Curé en lui tendant la main.
— Vous ne m’attendiez pas si tôt, Monsieur le Curé ?
— Non, capitaine, et votre hangar n’est pas encore prêt, le bois de charpente n’est pas encore arrivé de Québec.
— C’est un simple contretemps, Monsieur le Curé ; d’ailleurs il est peut-être préférable que j’en surveille moi-même l’érection et c’est même ce qui a hâté mon départ de Québec.
— Nous verrons à cela, demain, répondit le curé. Votre machine est à l’abri du vent. Elle ne craint pas la pluie, je suppose ?
— Capitaine Jacques Vigneault, je vous présente Monsieur Pierre Guillou, maire de notre village.