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sa tâche avec tant de grâce qu’il en fut charmé et lui jeta en réponse ses plus belles fleurs de rhétorique.

Antoinette Dupuis goûta moins ces compliments que ses sensations en aéroplane ; mais elle fut assez intelligente pour n’en rien laisser paraître.

Après la cérémonie, Jacques réclama l’honneur de reconduire Angéline chez elle et lui fit part de ses intentions de lui rendre visite le dimanche suivant.


X


Une activité fébrile régnait dans la petite anse en face du village. La construction du hangar de l’hydravion terminée, on s’était mis avec entrain à l’ouvrage pour réparer les chaloupes et les barques qui avaient été avariées par la tempête, ce qu’on avait négligé au milieu du découragement qui s’était emparé des pêcheurs, victimes de ce désastre et de la pénurie de morue l’année précédente. Les pêcheurs qui avaient été plus prévoyants avaient repris leur tâche quotidienne et revenaient chaque soir chargés de morues. Tout était comme autrefois, et cette année de disette ne leur apparaissait plus maintenant que comme un rêve, mais un rêve qu’ils ne voulaient pas faire de nouveau.

Les demandes de différents postes ne tardèrent pas à affluer, requérant les services du capitaine ; mais celui-ci poursuivait méthodiquement son œuvre, paraissant de plus en plus intéressé à son ouvrage. Il revenait tous les soirs que la température lui permettait de faire des envolées, fier de nouveaux exploits.

La distillerie de marsouins s’était en même temps perfectionnée, et ajoutait encore au revenu de la pêche à la morue. On dut bientôt cesser de faire l’expédition de l’huile, car les prix commençaient à fléchir. On la mit en réserve pour l’écouler quand la hausse se ferait sentir.