Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 90 —

— Non, mais depuis que vous me courtisez, elle a complètement cessé ses visites chez moi, et c’est à peine si elle me regarde quand elle me rencontre. Elle parle même de quitter la Rivière-au-Tonnerre, sous prétexte qu’elle s’ennuie et qu’elle perd son temps ici.

— Ne vous troublez pas avec cela, ma chère Angéline. Je parlerai à Mademoiselle Dupuis. Elle est très intelligente comme vous ne l’ignorez pas.

— Mais n’allez pas lui dire que je vous ai parlé de cela.

— Vous avez confiance en moi, Angéline ?

— Oui, et je vous aime davantage !

Ils continuèrent ensuite leur chemin jusqu’à la résidence d’Angéline. Jacques enleva son chapeau puis repartit d’un pas précipité vers le presbytère où le curé l’attendait à déjeuner.


XI


Le capitaine Vigneault était l’objet du plus grand respect de la part des habitants de la Côte et de ceux de la Rivière-au-Tonnerre en particulier. Personne ne le rencontrait sans enlever son chapeau, et les femmes lui souriaient aimablement en reconnaissance de la prospérité qui renaissait sur la Côte et pour la part qu’il avait prise à la ramener.

Il avait étendu ses opérations au point d’avoir chassé les marsouins depuis les Sept-Îles jusqu’à Natashquan, à la grande joie de toute cette brave population. Le chargement de la morue sèche qui se faisait sur les différents bateaux faisant la navette sur le golfe attestait d’ailleurs du regain d’activité dans la région.

La belle température contribuait au succès des opérations du capitaine, car l’été se prolongeait indéfiniment. On jouissait encore, au commencement de novembre, d’une température estivale. C’était « l’été des sauvages » dans toute sa pâle splendeur automnale.