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continuel, en songeant à sa pauvre mère qui ignorait sa libération.

— Oh ! ma chère mère ! Pardonnez-moi si je n’ai pas été me jeter dans vos bras ; mais je n’aurais pu affronter le regard de mon père qui m’a presque maudit en me quittant. Ma première visite aurait dû être pour vous quand même, mais je n’en ai pas eu le courage. Que Dieu est bon d’avoir créé des cœurs de mère ! eux seuls peuvent comprendre et compatir aux malheurs de leurs enfants. Quand je serai réhabilité, car je le serai ! Alors, oui, alors seulement, j’irai me jeter dans vos bras pour vous remercier de votre inaltérable bonté à mon égard.

Il était tout absorbé dans cette pensée, quand le bedeau faisant sa ronde, vint l’avertir qu’il fermait les portes de l’église.

— Pourriez-vous me dire où je trouverais un gîte pour la nuit ? demanda André au bedeau.

— Vous n’avez pas de parents dans Québec, mon ami ? Il ne manque pas d’hôtels !

— Oui, mais je n’ai pas beaucoup d’argent. S’il y a ici un refuge de nuit, je m’en accommoderai bien en attendant que je trouve du travail.

— Peut-être pourriez-vous trouver de l’ouvrage au Château Frontenac. Avez-vous déjà servi les tables ?

André hésita un moment avant de répondre. Il avait bien en effet servi la table du gouverneur au pénitencier, mais c’était une expérience dont il n’osait se prévaloir en ce moment.