Page:Lallour - Guerziou groet d'an enor ar c'henta greunadier eus ar Françz.pdf/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 11 −


   Mais quand Napoléon, de notre République,
Alors premier consul, fut instruit que Corret
Servait comme soldat, pour cet homme héroïque,
Tout surpris il montra le plus vif intérêt.

   Que ferons-nous, dit-il, de cet homme admirable
De ce vertueux, noble et preux Cornouaillais ;
Il serait général, c’est chose incontestable,
Ou colonel au moins, pour prix de ses hauts faits.

   Carnot répond soudain : c’est extraordinaire ;
Corret n’acceptera jamais de commander ;
Je lui ai tout offert ; son noble caractère,
Inflexible à ma voix, n’a jamais pu céder.

   Quoi qu’il ait rejeté vos bienveillants offices,
Je vaincrai sa raideur, son obstination ;
Je vais imaginer, pour payer ses services,
Quelques nouveaux honneurs, reprit Napoléon.

   Je crois que du Breton, la digne récompense
Serait de lui donner, de par la nation,
Le titre de premier des Grenadiers de France ;
Il sera satisfait, je crois, de ce beau nom.

   De la part du pays, qu’honora sa vaillance,
Je lui ferai de plus don d’un sabre, et j’aurai
Soin d’y faire graver : Don de reconnaissance,
En lettres d’or : La France au citoyen Corret.

   De cette même main, qui signait paix ou guerre,
Napoléon saisit une plume et traça
Quelques mots à Corret, pour ce, la tenant fière.
Quoique, seule, elle tint les rênes de l’état.

   Dès que Corret eut lu la lettre du grand homme,
Il s’écria : Ce sabre est un présent d’ami ;
Mais il reste à prouver, et je ferai voir comme
Un Bas-Breton s’en sert contre son ennemi.

   J’espère démontrer aux peuples de la terre
Que la France n’est point déçue à mon endroit ;
Et qu’en armant son fils d’un sabre, cette mère
Veillait à son honneur, au maintien de son droit.

   En effet, nos soldats, rendus à la frontière,
Très-peu de temps ensuite eurent franchi le Rhin.
Fleuve qui d’Allemagne est la seule barrière,
Soumettant à leurs lois le peuple riverain.

   Ils étaient parvenus jusque dans la Bavière.