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les prendre en sa garde ou faire prendre par ses sujets pour en repondre, les garder et conduire au suplice et faire exécuter, après avoir fait les cris et proclamations accoustumées par les calefours de ladite ville de Sainct Brieuc sur peine de saisie de ce qu’il tient dudit seigneur evesque. »

En qualité d’écuyer, le sieur de Boisboissel avait à remplir un devoir qui nous amène à parler de l’entrée de l’évêque dans sa ville de Saint-Brieuc. Cette cérémonie avait lieu dans toutes les villes épiscopales et se faisait quelquefois avec un grand éclat. À Saint-Brieuc, les gentilshommes se portaient à cheval au devant de l’évêque ; le corps de ville et les magistrats le recevaient à la porte de Saint-Guillaume. Le sieur de Boisboissel tenait ensuite l’étrier, pendant que l’évêque montait sur une haquenée, conduisait celle-ci par la bride jusqu’au palais épiscopal et la gardait en récompense du devoir qu’il venait d’accomplir.

Quant au seigneur de l’Epine-Guen, qui possédait la terre de ce nom, en Ploufragan[1], il était tenu, « à cause de ladite terre, à l’entrée de chacun evesque dudit St Brieuc, de luy donner a laver la main, au festin solennel qui se fait ausdites premières entrées en ladite ville et de luy servir d’echanson, pour laquelle servitude après ledit festin, ledit sieur de l’Epinne guien a droit de prendre et emporter la coupe dans laquelle a bu ledit seigneur evesque pendant iceluy, de quelle façon et metaille qu’elle puisse estre. » Le même seigneur était chargé, en qualité de sergent féodé, de bannir ou de faire bannir tous les contrats d’héritage, d’acquêt, d’échange et autres, dans l’étendue du fief. À ces obligations constatées officiellement dans l’aveu, Ruffelet en ajoute une autre qui s’exerçait encore, dit-il, de son temps : le sieur de l’Epine-Guen devait donner hautbois, musettes et violons avec un

  1. Parmi les seigneurs de l’Epine-Guen, on cite : au xve siècle, les Cadoret ; au xvie, les La Rocque ; au xviie, les La Porte ; au xviiie, les Hervieux et les Du Fou.