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Molé sont froidement accueillies par l’Assemblée, bafouées par les ricanements des tribunes. Vergniaud les salue hypocritement et les écarte.

« Eh oui, sans doute, dit l’orateur, qu’un rassemblement armé devait arracher de la tribune un an plus tard ; eh oui, sans doute, nous aurions mieux fait peut-être de ne jamais recevoir d’hommes armés ; car, si aujourd’hui le civisme amène ici de bons citoyens, l’aristocratie peut y conduire demain ses janissaires. Mais l’erreur que nous avons commise autorise l’erreur du peuple. Les rassemblements formés jusqu’ici paraissent autorisés par le silence de la loi. Les magistrats, il est vrai, vous demandent la force pour les réprimer. Dans ces circonstances, que devez-vous faire ? Je crois qu’il y aurait une extrême rigueur à être inflexibles envers une faute dont le principe est dans vos décrets ; ce serait faire injure aux citoyens qui demandent en ce moment à vous présenter leurs hommages que de leur supposer de mauvaises intentions. On prétend que ce rassemblement veut présenter une adresse au château ; je ne pense pas que les citoyens qui le composent demandent à être introduits en armes auprès de la personne du roi ; je pense qu’ils se conformeront aux lois, qu’ils iront sans armes et comme de simples pétitionnaires. Je demande que les citoyens réunis pour défiler devant nous soient admis à l’instant. »

Indignés de ces perfidies ou de ces lâchetés de paroles, Dumolard, Ramond, s’opposent avec énergie à cette faiblesse ou à cette complicité de l’Assemblée. « Le plus bel hommage que vous puissiez faire au peuple de Paris, s’écrie Ramond, c’est de le faire obéir à ses propres lois. Je demande que les citoyens déposent leurs armes avant d’être