Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/112

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Et, chaque fois qu’ainsi son cœur le prononçait,
Un sourire l’aidait et le récompensait.
Oh ! de l’heureuse enfant qui peindra le délire,
Pour la première fois en entendant redire
Son nom, son propre nom par l’amour révélé ?
Il semblait que d’un mot son être avait doublé,
Qu’elle vivait deux fois par lui ; d’abord en elle,
Puis dans le son de voix de l’ami qui l’appelle.
Par le nom de Cédar elle lui répondit ;
Avec l’autre soudain ce mot se confondit.
Leurs lèvres mille fois les redirent ensemble,
Comme deux sons amis qu’un même accord rassemble,
Et, quand le même instinct les faisait revenir,
Il ne les prononçaient que pour les réunir !

Cédar, qui dans les yeux de Daïdha ravie
Lisait à chaque son sa joie épanouie,
S’apercevant déjà du bonheur qu’il donnait,
À ses douces leçons heureux s’abandonnait ;
Et ce regard aimant et cette voix de femme
Par l’oreille et par l’œil gravaient tout dans son âme.

Ce que l’heureux amant le premier demanda,
Ce fut ce qui charmait ses yeux dans Daïdha :
Son front, ses traits, sa bouche et ces perles écloses,
Comme de son sourire, entre ses lèvres roses !
Ses bras, ses pieds, ses mains, l’ombre qui la suivait,
Qui s’en allait de lui quand elle se levait ;