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Ni, semant au hasard les débris en tout lieu,
Mis son verbe terni sur le verbe de Dieu !

Alors leurs entretiens, plus longs et plus intimes,
S’élevèrent de terre aux choses plus sublimes !
Elle lui racontait, dans sa naïveté,
Les histoires du ciel et de l’humanité :
Histoires de l’enfance où tout était merveilles,
Où des rêves grossis d’oreilles en oreilles,
Colorés au faux jour de ses traditions,
Frappaient l’esprit humain de mille illusions,
Comme, avant le matin illuminant le monde,
En fantômes trompeurs la nuit douteuse abonde.
Elle lui racontait comment les premiers dieux
Avaient créé chacun quelque morceau des cieux ;
Comment d’autres, tombés dans de célestes luttes,
Habitaient, exilés, la terre après leurs chutes ;
Comment l’air, et la terre, et la flamme, et les mers,
Obéissaient chacun à des maîtres divers.
Puis, passant aux récits des familles humaines,
Elle lui révélait l’homme et ses phénomènes :
Lui disait que l’enfant naissait et grandissait ;
À des vierges, ses sœurs, comment on l’unissait ;
Que toute jeune mère, en mettant l’homme au monde,
Avait dans sa mamelle une source féconde,
Que l’amour douze mois empêchait de tarir,
Jusqu’à l’heure où l’enfant pût parler et courir ;
Que la mort, se voilant d’un transparent mystère,
Était un long sommeil dans la couche de terre ;