Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/125

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Il se cacha pendant que le sien défilait,
Pour voir si sa pitié lui donnerait le lait ;
Mais, au lieu de mener le petit aux chamelles,
La vierge l’écarta de toutes les mamelles,
Et le laissa tout seul, aux ronces d’alentour,
De tristesse et de soif crier tout un long jour ;
Et l’amant, le front triste et la vue offensée,
S’en alla sans parler, vaincu par sa pensée.

Abna, fils de Kalem, dans un nid de roseau
Apporta près du seuil des œufs volés d’oiseau.
Si la fille, de l’antre en sortant vers l’aurore,
Recueillait ces œufs blancs pour qu’ils pussent éclore,
Et, se montrant neuf jours soigneuse à les sauver,
Sous l’aile du ramier les regardait couver,
Le jeune amant saurait qu’un regard favorable
Couverait son amour comme l’œuf dans le sable.
À la porte de l’antre il veillait incertain :
Mais la vierge distraite en sortant le matin,
Voyant les œufs posés dans le nid sur la mousse,
Leur donnant du pied gauche une forte secousse,
Les fit en se brisant rouler sur le rocher ;
Et le fils de Kalem n’osa plus s’approcher.

Zebdani, fils d’Ormid, vint, la nuit, à l’entrée
De l’abri de Phayr, place aux dieux consacrée,
Dans la poudre du seuil par Selma balayé,
Imprimer en secret la marque de son pié.