Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/126

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Si la vierge au réveil, en s’échappant de l’antre,
Voyant ce pas écrit sur la place où l’on entre,
Le gardait sur le seuil au lieu de l’effacer
Et posait à côté le sien pour l’y tracer,
Le jeune homme, de loin attendant ce symbole,
Entendrait sans accents et lirait sans parole,
Et saurait de lui-même, à ce signe épié,
Qu’un autre pas suivrait la trace de son pié.
Mais la vierge, au matin, en sortant la première,
Et voyant ce pas d’homme empreint sur la poussière,
L’effaça de son doigt sur ce sable mouvant,
Et d’un geste hautain jeta la cendre au vent ;
Et Zebdani, voyant sa trace ainsi détruite,
Pleura son vain amour, rougit, et prit la fuite.

Les mères à Selma vinrent dire à leur tour :
« Peut-être que son cœur cache un secret amour,
Et que, dans la pudeur dont la rougeur lui monte,
Elle craint de nommer celui qui fait sa honte ?
Nous-mêmes forçons-la de dire, à son insu,
Le désir que son œil parmi tous a conçu ;
Quand son visage aura révélé sa pensée,
La flamme de nos fils sera récompensée. »
Et Selma consentit ; et, quand le jour baissa,
Sur le cœur de l’enfant l’épreuve commença.

Daïdha vers le soir, des prés verts revenue,
Était debout, au fond de la caverne nue ;