Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/157

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Inquiète et rétive, elle semble chercher
Ses petits qu’elle rêve et qu’elle veut lécher.
Cédar, pâle et tremblant, vainement la rappelle :
Sourde aux cris du pasteur, la rapide gazelle,
Fouillant l’herbe profonde avec son long museau,
Découvre les enfants dans leur nid de roseau ;
Le couple vagissant à demi se réveille ;
Les pasteurs confondus contemplent la merveille,
Et Cédar, fléchissant au trouble de son cœur,
Tombe comme frappé d’un coup intérieur.

Cependant les bergers, longtemps penchés à terre,
Lèvent leurs mains au ciel, parlent avec mystère.
Doutant si ces enfants sont des êtres humains,
Ils les tournent sur l’herbe avec leurs rudes mains ;
De l’horreur au respect leur œil longtemps hésite,
Comme près d’un serpent dont le tronçon palpite.
Mais Zebdor, à l’œil dur, au cœur plus affermi,
Dans ses bras, à la fin, prend le couple endormi,
Et levant à la fois le nid avec la branche,
Dans les feuilles couchés, les porte sur sa hanche.
Tous le suivent, laissant à terre au fond des bois
L’esclave évanoui, sans regard et sans voix.

Pour répandre avant eux l’étonnante nouvelle,
On dirait que le vent leur a prêté son aile.
À peine de l’Oronte ont-ils touché le bord,
Que toute la tribu de ses demeures sort ;