Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/183

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Dont le miel embaumé, par la fleur épaissi,
Semblait un lingot d’or dans le rocher durci.
Le gland, dont trois hivers ont mûri la farine,
Des plantes qui cachaient leur suc dans leur racine,
Et des roseaux sucrés, dont un miel blanc coulait,
Entassés en monceaux que sa main étalait,
Et dépouillés par lui de leurs rudes écorces,
D’un savoureux festin ranimèrent leurs forces.
Les enfants, endormis dans l’herbe, avec leur main
Pressaient encor ces fruits survivant à leur faim.

Déjà de Daïdha les forces renaissantes
Ranimaient sur son front les roses pâlissantes.
Cédar, ivre de joie et de paix, regarda
Longtemps et tour à tour les enfants, Daïdha.
Devant ce groupe heureux, où son bonheur se noie,
Je ne sais quel besoin sollicitait sa joie
De répandre son cœur débordant de parfum,
De reporter plus haut son extase à quelqu’un ;
Mais de ce grand besoin son âme possédée
Avait l’instinct de Dieu sans en avoir l’idée,
Sur toute la nature il promena les yeux,
De la mousse aux troncs d’arbre et des troncs d’arbre aux cieux ;
Il leur montra la mère et les enfants du geste ;
Il écarta son corps, pour que du toit céleste
Un rayon de soleil, comme un regard d’amour,
Se réjouît aussi de les revoir au jour :
Il eût voulu des nuits déployer tous les voiles,
Pour la montrer aux yeux de toutes les étoiles :