Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/218

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Et, fier du nom divin dont la fourbe le nomme,
Il apprend qu’il est dieu pour fouler aux pieds l’homme ;
Il immole comme eux à sa divinité,
Ainsi qu’un vil bétail, toute l’humanité.
Il vit de la sueur de la race asservie,
Se lave dans le sang et joue avec la vie ;
Et ce n’est qu’à l’excès de forfaits odieux
Que l’esclave frissonne et reconnaît les dieux.

» Ils habitent à part dans des demeures fortes,
Dont aux pas des humains la mort défend les portes.
Comme l’aigle aux sommets des monts bâtit ses nids,
Leur palais élevé sur des rocs aplanis,
Couvrant de ses arceaux une vaste colline,
Voit d’en haut fourmiller la cité qu’il domine.
Des murs de ce palais aux immenses contours
Les fondements massifs sont couronnés de tours.
Du sommet des remparts, où leurs foudres sommeillent,
L’étincelle à la main leurs gardes toujours veillent ;
Leur bras tue à distance et frappe sans toucher
Tout homme audacieux qui tente d’approcher ;
Et des globes de feu plus prompts que la pensée
Portent la mort partout où leur œil l’a lancée.

» Ce qu’enferment, enfants ! ces murs mystérieux,
La parole ne peut le raconter aux yeux.
On y marche sans fin dans les forêts de marbres,
Dont l’ombre et le murmure ont la fraîcheur des arbres ;