Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La dernière parcelle en son sein enfouie
Produira tôt ou tard les ressorts de la vie,
Afin que chaque atome et que chaque élément
À l’esprit à leur tour servent de vêtement,
Et, s’’élevant à Dieu du néant jusqu’à l’ange,
En adoration transforment cette fange.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
» Chaque fois qu’à la vie un homme arrivera,
Sur les coteaux sans maître on lui mesurera
Un pan du grand manteau de la mère commune ;
Sa femme aura sa part, et deux ne feront qu’une :
Et, quand de leurs amours d’autres hommes naîtront,
Pour leur nouvelle faim ces champs s’élargiront,
Et vous leur donnerez à tous, un an d’avance,
La moisson, le troupeau, la bêche et la semence.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
» Vous ne bâtirez point de villes dans vos plaines,
Ruches de nations, fourmilières humaines,
Où les hommes, du ciel perdant l’impression,
S’agitent dans le trouble et la corruption ;
Mais vous élèverez vos maisons ou vos tentes
Au milieu de vos champs, et des autres distantes,
Pour qu’au lit du vallon, au revers du coteau,
Chacun ait son soleil, et son arbre, et son eau,
Que vos corps trop voisins ne se fassent pas ombre,
Que vous multipliiez sans haïr votre nombre,
Et que, sur votre tête, un grand morceau des cieux
Des merveilles du ciel entretienne vos yeux !