Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/305

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On oubliait, auprès de cet être charmant,
Que l’ombre de Nemphed la couvrait constamment ;
On se laissait séduire à sa première vue :
Ainsi lorsque la foudre éclate dans la nue,
Incendiant la mer de la flamme des cieux,
D’enfants assis au bord un groupe insoucieux
Pour voir ce feu du ciel se penche du rivage,
Et joue avec l’éclair qui n’en est que l’image.


À ces banquets des dieux, aux pieds du maître assise
Comme un oiseau privé, seule elle était admise,
Et Nemphed, du pouvoir pour oublier le poids,
Roulait de ses cheveux les ondes dans ses doigts.
Des autres confidents l’astucieuse troupe
S’écartait par respect du redoutable groupe ;
Ces dieux inférieurs sur les degrés du ciel
S’asseyaient à des rangs séparés. Asrafiel,
Le plus grand, le plus beau de ces Titans célestes,
Les dominait du front, du regard et des gestes ;
On voyait que la terre avait, en le formant,
De la matière en lui prodigué l’élément,
Et, du feu des volcans que le tonnerre allume,
En secouant la torche animé cette écume.
La voûte de granit sentait sa pesanteur,
Sa taille des piliers égalait la hauteur ;
Comme les nœuds du bois qui font renfler l’écorce,
Ses muscles au repos articulaient sa force,
Et sur sa nuque, égale aux nuques de taureau,
Au moindre mouvement palpitaient sous la peau.