Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/351

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Des prodiges menteurs préparait les ressorts ;
Torturait les vivants, engloutissait les morts ;
Instruisait à la fourbe, initiait aux crimes ;
Sous le fer et le feu mutilait ses victimes ;
Abîme où, sous les pieds de ces fils de Baal,
Plongeait jusqu’aux enfers la racine du mal.
Tout un peuple englouti dans ces antres funèbres
Habitait loin du jour ces sphères de ténèbres ;
Des desseins de Nemphed fourbes exécuteurs,
Alchimistes, bourreaux, prêtres, mutilateurs,
Faux prophètes, devins, artisans d’imposture,
Dans leurs fourneaux secrets profanant la nature,
Décomposant à l’œil, sous leurs coupables mains,
La séve de l’hysope et le sang des humains ;
Se vouant sous la terre à d’éternelles veilles
Pour imiter de Dieu les vivantes merveilles,
Lutter avec le feu, l’onde, la terre et l’air,
Frapper avec la foudre et luire avec l’éclair.

Les pierres de ces murs, en collines soudées,
Pesaient l’une sur l’autre en blocs de vingt coudées ;
Sur leur large épaisseur sept chars auraient roulé,
Et sous leur cintre immense un fleuve aurait coulé ;
Un torrent détourné sous ces arches profondes
Dans ce lit sépulcral faisait mugir ses ondes ;
Du seuil de ce portique à son extrémité
L’œil n’eût pas d’un flambeau distingué la clarté.
Comme de grands rameaux partant d’un tronc immense,
Ces souterrains s’ouvraient de distance en distance,