Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/353

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Sur le dos de la main à l’autre main croisée,
Le visage au pavé, sa tête était posée ;
Et ses cheveux épars, mêlés, souillés, tordus,
Flottaient en noirs flocons sur la terre épandus.

Tel qu’un homme en sursaut et dont le sang s’arrête,
Au bruit soudain d’un pas, il souleva la tête.
Comme deux diamants, deux grosses gouttes d’eau
Brillèrent sur sa joue aux reflets du flambeau.
La douleur sans espoir peinte sur son visage,
Ce jour qu’il ne voyait qu’à travers un nuage ;
Ce morne abattement donnait à sa beauté
La majesté du marbre et l’immortalité.
De l’ange de la tombe on eût dit la statue.
La clarté pas à pas pénétrait dans sa vue ;
La figure debout de la fille des dieux
Avec le jour entrait plus claire dans ses yeux ;
Ses traits d’étonnement s’imprégnaient à mesure,
Ses paupières s’ouvraient pour mieux voir la figure,
Et sa lèvre, aspirant cette apparition,
Palpitait de surprise et d’admiration.

Lakmi le regardait dans le même silence,
Comme un être indécis dont l’audace balance,
Et qui craint de troubler un charme par sa voix.
En voyant ruisseler des pleurs entre les doigts,
D’une douleur divine en contemplant l’image,
Cette douleur d’autrui passait sur son visage ;