Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/358

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Mais se mordant la lèvre et dévorant sa rage,
Son astuce soudain composa son visage ;
Et d’un sourire amer cachant le pli moqueur,
Elle attendrit sa voix comme parlant du cœur :
« Te la rendre, ô Cédar. Hélas ! que ne le puis-je ?
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Qui sait ?… peut-être un jour ferai-je ce prodige.
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Mais écarte à présent ce songe de tes yeux :
Elle vit réservée aux caresses des dieux ;
Mille amoureuses mains vont essuyer ses larmes.
Les merveilles des doigts embellissent ses charmes ;
Cent esclaves, chargés de tromper ses loisirs,
Pour les prévenir tous éveillent ses désirs.
De ses maîtres ravis sa beauté la fait reine :
Dans ces enivrements dont le torrent l’entraîne,
On ne laissera pas à ses yeux pleins de pleurs
Le loisir seulement d’épancher ses douleurs ! »

Elle lut dans les yeux de Cédar que la lame
De ce poignard caché pénétrait dans son âme,
Et que de Daïdha l’inconstance et l’oubli
Passaient comme un soupçon sur ce beau front pâli.
Pour laisser ce serpent caché dans les entrailles
Glacer ce cœur transi du froid de ses écailles,
Sa ruse se hâta de changer de discours :
« Oh ! que longues les nuits ! Oh ! que tristes les jours !