Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/359

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Pour l’habitant captif de cette nuit immonde,
Qui se ronge le cœur sans qu’un cœur lui réponde !
Cédar ! survivras-tu dans cet enfer vivant ?
Ah ! laisse-moi venir t’y consoler souvent !
Laisse-moi, quand Nemphed fermera la paupière,
La nuit, à tes côtés m’asseoir sur cette pierre,
Envelopper ton front de ma tendre pitié ;
De tes fers, de tes maux réclamer la moitié ;
Te dire tous les pas faits vers ta délivrance,
Et, n’étant pas ta joie, être ton espérance ! »

Ici la vérité, lui donnant son accent,
Prêtait à sa voix molle un charme attendrissant.
De l’âme de Cédar cette voix prit la route ;
De pitié dans ses yeux il vit luire une goutte ;
Convaincu par ses pleurs, son regard s’attendrit.
Assise auprès de lui, dans l’ombre, elle reprit :
« L’étoile du matin n’incline pas encore ;
Puisse durer la nuit et retarder l’aurore !
Mais le jour ne doit pas me surprendre en ces lieux :
Tout soupçon est un crime au cœur du roi des dieux.
Profitons des moments que son sommeil nous donne.
Ô céleste étranger qu’un mystère environne,
Si tu veux accepter mon dévouement ami,
Éclaire, en lui parlant, les doutes de Lakmi ;
Dis-moi ton nom divin parmi les créatures,
Raconte à mon esprit tes tristes aventures,
De tes jours peu nombreux monte et descends le cours ;
Dis-moi ton ciel, ta vie, et surtout tes amours !