Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/387

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De cent mortiers d’airain les tonnerres des dieux
Lançaient du haut des tours des astres dans les cieux,
Qui, par leur parabole entrecoupant la route,
Formaient sous la nuit pâle une seconde voûte,
Un ondoyant réseau de mobiles soleils
Aux feux d’or ou d’argent, bleus, perlés ou vermeils.
Comme le firmament que l’arc-en-ciel essuie,
Les uns, gouttes de feu, se divisaient en pluie ;
Les autres dessinaient, suspendus dans les airs,
Des temples merveilleux illuminés d’éclairs ;
Puis, éclatant à-haut avec des coups de foudre,
Semblaient des pans de ciel qui s’écroulaient en poudre.
La musique, jetant le bruit à grands accents,
En ébranlant les airs secouait tous les sens,
Et, leur donnant à tous une extase commune,
De mille impressions vagues n’en faisait qu’une,
Emportant à la fois dans ses fougueux courants
Et l’âme des esclaves et celle des tyrans.
Tout le peuple, assistant aux splendeurs de ces fêtes,
Couronnait les créneaux de membres et de têtes.
Sous l’ondulation de tous ces fronts mouvants,
Les pavés, les lambris, les murs semblaient vivants :
On eût dit, en voyant respirer les poitrines,
Que l’air du ciel allait manquer à leurs narines !
L’atmosphère élevant les miasmes du sol
Eût asphyxié l’ange étouffé dans son vol.

Se sevrant de la lie où se vautrait le reste,
Nemphed et son rival étudiaient leur geste,