Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/404

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La honte de son geste et sa tête baissée
Semblaient l’envelopper dans sa chaste pensée ;
Son cœur pétrifié s’arrêtait de stupeur,
Sa peau se nuançait des frissons de la peur ;
Ses épaules à nu, se serrant aux aisselles,
S’efforçaient de voiler son corps comme deux ailes
Dont les duvets ravis par le cruel ciseau
Se replîraient en vain sur les flancs de l’oiseau.
Tantôt elle couvrait de ses doigts en étoile
Les marbres de son sein transparents sous leur voile :
Tantôt, pour s’abriter du jour qui l’offensait,
De l’ombre d’un pilier elle se vêtissait.
Parmi tant de beautés aux regards immodestes,
Son tremblement, sa peur, sa rougeur et ses gestes
Jetaient sur elle seule un voile de respect ;
Le regard déhonté rentrait à son aspect.
Tant la sainte pudeur, ce vêtement de l’âme,
Peut protéger le corps contre l’audace infâme !

Un mouvement d’extase et de ravissement
Donnait à tous les yeux les regards d’un amant.
Un murmure courait dans l’assemblée immense,
Comme dans les forêts la brise qui commence ;
Tandis que Daïdha, rouvrant ses chastes yeux
Qu’épouvantaient d’effroi les murs licencieux,
Par ces grossiers tableaux toujours plus offensée,
S’enfonçait plus avant dans sa propre pensée,
Comme un vase d’amour et de dilection
Au fond de cette mer d’abomination.