Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/410

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À cette voix d’enfant, dont l’accent la déchire,
L’horreur de Daïdha monte jusqu’au délire ;
Ah ! le cœur d’une mère est enfin le plus fort !
« Pour sauver mes petits, j’embrasserais la mort ! »
Dit-elle ; et, s’élançant comme l’air à la flamme,
Dans les bras d’Asrafiel elle tombe sans âme !
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Le monstre se penchait sur le front sans couleur,
Sur le corps immobile épuisé de douleur,
Qu’il allait profaner de son haleine immonde…
Quand un cri dont l’horreur ferait crouler un monde,
Cri semblable au clairon dont le terrible écho
Fit rentrer dans le sol les murs de Jéricho,
Un cri semblable au cri dont la puissance seule
Fait lâcher au lion la brebis de sa gueule,
Et de l’aigle tremblant ouvre la serre au ciel,
Fascina tout le sang aux veines d’Asrafiel,
Lui fit ouvrir les mains comme une main plus forte,
En laissant retomber Daïdha demi-morte !

Cédar, car c’était lui, du haut des escaliers,
Cédar, montrant sa tête entre deux hauts piliers,
Cédar, grand comme un dieu dont la mâle statue
Tombe du piédestal sur la foule abattue,
Les cheveux hérissés, le bras haut, l’œil béant,
Marche sur les corps morts au trône du géant.