Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/87

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Pour tendre ses bras blancs et sourire à son père,
Mais tout semblable au moins aux songes de sa mère.
Cette fille d’amour et de mort, Daïdha,
Cette enfant qu’en naissant l’œil en pleurs regarda,
Croissait depuis treize ans, fleur des nuits dont les larmes
En arrosant le front multipliaient les charmes !
Et chacun des sept chefs espérait pour son fils
De son obéissance un si superbe prix ;
Et chacun de ces fils, quand il rêvait de femme,
Voyait de Daïdha les yeux bleus dans son âme !

La rougeur du plaisir sur son beau front vermeil,
Daïdha s’avança vers l’arbre du conseil,
En tenant une main dans la main de sa mère
Et de l’autre menant l’étranger comme un frère.
Le vieillard éploré la reçoit dans ses bras,
Presse contre son sein ses membres délicats,
Tandis que Daïdha, qui sur son front se penche,
Inonde de ses pleurs sa chevelure blanche.
Phayr enfin levant ses yeux sur l’étranger :
Toi qui sus la sauver, dit-il, et la venger,
De quelque nom caché que ta race se nomme,
Qu’une femme en ses flancs t’ait procréé d’un homme,
Ou que sous forme humaine apparu sur ces bords
La foudre soit ton âme et le feu soit ton corps,
Lis sur nos fronts ouverts notre reconnaissance.
Ne crains pas de lever la tête en ma présence ;
Entre ta race et nous ce jour vengeur a mis
Le sang sept fois versé de nos vils ennemis ;