Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/447

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Son tronc que l’écorce protége,
Fortifié par mille nœuds,
Pour porter sa feuille ou sa neige
S’élargit sur ses pieds noueux ;
Ses bras, que le temps multiplie,
Comme un lutteur qui se replie
Pour mieux s’élancer en avant,
Jetant leurs coudes en arrière,
Se recourbent dans la carrière,
Pour mieux porter le poids du vent.

Et son vaste et pesant feuillage,
Répandant la nuit alentour,
S’étend, comme un large nuage,
Entre la montagne et le jour ;
Comme de nocturnes fantômes,
Les vents résonnent dans ses dômes ;
Les oiseaux y viennent dormir,
Et pour saluer la lumière
S’élèvent comme une poussière,
Si sa feuille vient à frémir.

La nef dont le regard implore
Sur les mers un phare certain
Le voit, tout noyé dans l’aurore,
Pyramider dans le lointain.
Le soir fait pencher sa grande ombre
Des flancs de la colline sombre
Jusqu’au pied des derniers coteaux.
Un seul des cheveux de sa tête
Abrite contre la tempête
Et le pasteur et les troupeaux.