Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/448

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Et pendant qu’au vent des collines
Il berce ses toits habités,
Des empires dans ses racines,
Sous son écorce des cités ;
Là, près des ruches des abeilles,
Arachné tisse ses merveilles,
Le serpent siffle, et la fourmi
Guide à des conquêtes de sables
Ses multitudes innombrables,
Qu’écrase un lézard endormi.

Et ces torrents d’âme et de vie,
Et ce mystérieux sommeil,
Et cette séve rajeunie
Qui remonte avec le soleil ;
Cette intelligence divine
Qui pressent, calcule, devine
Et s’organise pour sa fin ;
Et cette force qui renferme
Dans un gland le germe du germe
D’êtres sans nombres et sans fin ;

Et ces mondes de créatures
Qui, naissant et vivant de lui,
Y puisent être et nourritures
Dans les siècles comme aujourd’hui ;
Tout cela n’est qu’un gland fragile
Qui tombe sur le roc stérile,
Du bec de l’aigle ou du vautour ;
Ce n’est qu’une aride poussière
Que le vent sème en sa carrière,
Et qu’échauffe un rayon du jour !