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femme qui se lamentaient sur le seuil de la porte de Graziella. La pauvre petite s’était enfuie pendant la nuit. Elle avait réveillé et embrassé les enfants en leur faisant signe de se taire. Elle avait laissé sur son lit tous ses plus beaux habits et ses boucles d’oreilles, ses colliers, le peu d’argent qu’elle possédait.

Le père tenait à la main un morceau de papier taché de quelques gouttes d’eau qu’on avait trouvé attaché par une épingle sur le lit. Il y avait cinq ou six lignes qu’il me priait éperdu, de lire. Je pris le papier. Il ne contenait que ces mots écrits en tremblant dans l’accès de la fièvre, et que j’avais peine à lire : « J’ai trop promis… une voix me dit que c’est plus fort que moi… J’embrasse vos pieds, pardonnez-moi. J’aime mieux me faire religieuse. Consolez Cecco et le monsieur… Je prierai Dieu pour lui et pour les petits. Donnez-leur tout ce que j’ai. Rendez la bague à Cecco… »

À la lecture de ces lignes, toute la famille fondit de nouveau en larmes. Les petits enfants, encore tout nus, entendant que leur sœur était partie pour toujours, mêlaient leurs cris aux gémissements des deux vieillards et couraient dans toute la maison en appelant Graziella !


XIV


Le billet tomba de mes mains. En voulant le ramasser, je vis à terre, sous ma porte, une fleur de grenade que j’avais admirée le dernier dimanche dans les cheveux de la jeune fille et la petite médaille de dévotion qu’elle portait toujours dans son sein et qu’elle avait attachée quelques mois avant à mon rideau pendant ma maladie.