Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/434

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ne le contriste pas du spectacle de ton ennui ; n’aigris pas par des dissentiments ou par des mécontentements ostensibles ceux de qui nous dépendons pour nos filles et pour toi ! Accepte cette vie inoccupée et obscure pendant quelques années, je prierai tant Dieu qu’il fléchira le cœur de tes oncles et de tes tantes, et qu’il ouvrira à mon fils la part d’activité, d’espace, de gloire et de bonheur qu’il est permis à une mère de désirer pour un fils tel que toi !

« Voilà ce que je voulais te dire, » ajouta-t-elle en se levant de sa chaise et en me bénissant de l’œil et de la main. Puis elle me dit avec plus d’intimité, d’accent, et une onction plus pénétrante et plus sainte, quelques mots de Dieu, de la foi de mon enfance, de la pureté de cœur à conserver ou à retrouver par le repentir, de la paix de l’âme qui ne descend jamais que d’en haut, de la résignation, ce sacrifice muet, invisible, perpétuel, le plus beau des sacrifices après celui du Christ, puisque la victime, toujours renouvelée, était nous-mêmes, .et que le rémunérateur, toujours présent, était Dieu Enfin elle se mit a genoux au pied de mon lit, et pria un moment sur moi avant de se retirer à pas muets. Je crus qu’un ange était venu me visiter, et je restai longtemps immobile après son départ, avec ses paroles dans le cœur et son baiser sur le front.


XI


Je me levai tard pour aller saluer mon père, et le remercier de la belle chambre qu’il m’avait donnée. C’était un dimanche, les cloches de la seule église