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XII


Le soleil de printemps frappait sur les pierres moulées de la porte ; la lumière sereine du matin se mêlait sous le porche avec la lumière lointaine et intérieure des cierges ; ces deux jours confondus et luttant se réverbéraient sur le visage de ma mère, comme la nature et la grâce chrétienne se rencontraient et s’harmonisaient incessamment dans son cœur. Ses lèvres commençaient à sourire aux personnes de sa connaissance qu’elle apercevait du haut des marches sur le parvis ; elles gardaient encore cependant la dernière impression de la pensée de Dieu et du recueillement d’où elle sortait. La pâleur et les larmes du matin s’étaient complètement effacées sous la paix qu’elle puisait toujours dans le commerce du ciel, et sous cette animation Vermeille que la chaleur de l’église et la contention de la prière répandent sur les traits. Les marches obstruées de mendiants, de pauvres femmes endimanchées, d’enfants et de vieillards infirmes, ralentissaient l’écoulement des assistants, et retenaient ma mère sur cette espèce de piédestal où tout le monde pouvait la regarder.

Elle avait dans l’élévation et dans l’élégance de sa taille, dans la flexibilité du cou, dans la pose de sa tête, dans la finesse de sa peau rougissant comme à quinze ans sous les regards, dans la pureté des traits, dans la souplesse soyeuse des cheveux noirs ruisselants sous son chapeau, et surtout dans le rayonnement du regard, des lèvres, du sourire, cet invincible attrait qui est à la fois le mystère et le complément de la vraie