Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un magnifique ermitage ; un contre-sens entre la splendeur de l’édifice et l’emplacement, voilà son caractère. De vastes jardins découpés à coups de hache sur les bois l’environnent. Ces jardins ne sont pas et ne peuvent pas être nivelés ; ils suivent les ondulations du plateau, ici ouverts, ici fermés par les montagnes, les plaines, les gorges profondément encaissées sous les rochers ; défrichements partiels noyés dans les feuillages des collines et des mamelons. Quatorze sources, rare suintement de ces flancs du roc, y ont été recueillies dans de longs conduits souterrains, qui les répandent ça et là en conques murmurantes, en vasques de pierre, en dauphins à barbe de mousse verte, en pièces d’eau rondes, ovales, carrées, de toutes formes et de toutes grandeurs. L’une d’elles porte bateau, et j’aimais à en détacher la chaîne et à le laisser dériver parmi les joncs. La fontaine qui s’y verse à gros bouillons éternels s’appelle la fontaine du Fayard, du nom d’un hêtre séculaire qui ombrage la source et qui couvre un demi-arpent de ses branches et de sa nuit. C’est cette source que j’ai célébrée un jour, en revenant baiser sa chère écume, sous le titre :


LA SOURCE DANS LES BOIS
_____


Source limpide et murmurante
Qui, de la fente du rocher,
Jaillis en nappe transparente
Sur l’herbe que tu vas coucher ;