Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’elle, au pied d’un saule, et, le cœur débordant de son pieux enthousiasme, ne nous entretenait-elle pas un moment du sens religieux et caché de cette belle création qui ravissait nos yeux et nos cœurs ! Je ne sais pas si ces explications de la nature, des éléments, de la vertu des plantes, de la destination des insectes, étaient bien selon la science. Elle les prenait dans Pluche, Buffon, Bernardin de Saint-Pierre ; mais, s’il n’en sortait pas des systèmes irréprochables de la nature, il en sortait un immense sentiment de la Providence et une religieuse bénédiction de nos esprits à cet océan infini des sagesses et des miséricordes de Dieu.

Quand nous étions bien attendris par ces sublimes commentaires, et que nos yeux commençaient à se mouiller d’admiration, elle ne laissait pas s’évaporer ces douces larmes au souffle des distractions légères et des pensées mobiles ; elle se hâtait de tourner tout cet enthousiasme de la contemplation en tendresse. Quelques versets des psaumes qu’elle savait par cœur, appropriés aux impressions de la scène, tombaient avec componction de ses lèvres. Ils donnaient un sens pieux à toute la terre et une parole divine à tous nos sentiments.


II


En rentrant, elle nous faisait presque toujours passer devant les pauvres maisons des malades ou des indigents du village. Elle s’approchait de leurs lits, elle leur donnait quelques conseils et quelques remèdes. Elle puisait ses ordonnances dans Tissot ou dans Buchan, ces deux médecins populaires. Elle faisait de la médecine son étude