Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leur voix interrogeait la timide jeunesse,
Les rides de leur front témoignaient leur sagesse.
Respirant du Sina l’antique majesté,
De leurs cheveux blanchis, de leur barbe touffue,
On croyait voir glisser sur leur poitrine nue

La lumière et la charité,
Comme des neiges des montagnes

Descendent, ô Saron, sur tes humbles campagnes,

Le jour et la fertilité !


Un enfant devant eux s’avança, plein de grâce ;
La foule, en l’admirant, devant ses pas s’ouvrait,

Puis se refermait sur sa trace ;
Il semblait éclairer l’espace

D’un jour surnaturel que lui seul ignorait.


Des ombres de sa chevelure
Son front sortait, comme un rayon
Échappé de la nue obscure
Éclaire un sévère horizon.

Ce front pur et mélancolique
S’avançait sur l’œil inspiré,
Tel qu’un majestueux portique
S’avance sur un seuil sacré.

L’éclair céleste de son âme
S’adoucissait dans son œil pur,
Comme une étoile dont la flamme
Sort plus douce des flots d’azur.