Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/166

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Je l’entends près de toi : ces astres du matin
Qui sèment de leurs lis les sentiers de l’aurore,
Saturne, enveloppé de son anneau lointain,
Vénus, que sous leurs pas les ombres font éclore,
Ces phases, ces aspects, ces chœurs, ces nœuds divers,
Ces globes attirés, ces sphères cadencées,
Ces évolutions des soleils dans les airs,
Sont les notes de feu, par Dieu même tracées,

De ces mystérieux concerts.


Et pourquoi l’harmonie à ces globes de flamme
Ne peut-elle imposer ses ravissantes lois,
Quand tu peux à ton gré, d’un accord de ta voix,
Ralentir ou presser les mouvements de l’âme,
Comme la corde d’or qui vibre sous tes doigts ?
Quand tes chants, dans les airs s’exhalant en mesure,

Coulent de soupir en soupir,

Comme des flots brillants d’une urne qui murmure,

Sans s’altérer et sans tarir ?


Quand tes accords, liés en notes accouplées,
Comme une chaîne d’or par ses chaînons égaux,
Se déroulent sans fin en cadences perlées,
Sans qu’on puisse en briser les flexibles anneaux ;

Quand tes accords, jetés en sons courts et rapides,

Tombent de tes lèvres limpides
Comme autant de grains de cristal,
Ou comme des perles solides
Qui résonnent sur le métal ?