Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/196

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« Le soleil est couché ; mais gardons, me dit-elle,
» Quelque chose du moins du jour évanoui.
» L’heure qui vit s’ouvrir cette fleur sous son aile
» Est la même qui vit mon cœur épanoui.

» Nous ne pouvons, hélas ! enchaîner à la rive
» Un seul des flots du temps, qu’il soit amer ou doux ;
» Mais nous pouvons semer sur l’onde fugitive
» Nos débris de bonheur en mémoire de nous ! »

L’homme heureux de Samos[1] aux flots jeta sa bague,
Pour éprouver les dieux et tenter son bonheur.
Le flot la lui rendit… Nous, jetons à la vague,
À la vague du temps, ce jour et cette fleur !

Et si Dieu nous les rend, même dans l’autre monde,
Rendons grâce à la vie, et disons : « Gloire à lui ! »
Le chemin est bien long, la nuit est bien profonde ;
Mais le ciel n’est pas loin, car l’amour nous a lui !

  1. Polycrate.