Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/202

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Des doigts de Jéhovah t’élancer enflammée

Comme une étincelle allumée
Au foyer de vie et d’amour ?

» Les étoiles tes sœurs pâlirent
De honte et de ravissement ;

Tu passas dans le ciel et les astres jaillirent,
Et les vagues d’azur sous ton poids s’assouplirent,

Pour bercer ton globe écumant.

» Sur ton front qui venait d’éclore,

Ta lune et ton soleil combattaient de clarté ;
Plus pur que ton midi, plus doux que ton aurore,
Le regard de ton Dieu t’illuminait encore

De vie et d’immortalité.


» Quels destins tu portais ! — Étouffés dans leur germe,
Que d’êtres immortels ton sein devait nourrir !
Où sont-ils ? Est-il vrai ? ce peu de cendre enferme

Ce qui ne dut jamais mourir ?

Et d’une étoile, hélas ! tu n’es plus que la cendre,
Que le noyau d’un fruit que le ver a rongé,

Qu’un rocher qui va se fendre
Dans le feu qui l’a jugé !


» Ah ! pleurez avec moi, planètes ses compagnes,
Étoiles qui semiez ses tentes de mille yeux,
Soleils dont les rayons inondaient ses campagnes,
Nuages qui jetiez l’ombre sur ses montagnes !

Pleurez ! la mort est dans les cieux.