Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Et son nom ? » Eh ! qu’importe un nom ? Elle n’est plus
Qu’un souvenir planant dans un lointain confus,
Dans les plis de mon cœur une image cachée,
Ou dans mon œil aride une larme séchée !
Et nous étions assis à l’heure du réveil,
Elle et moi, seuls, devant la mer et le soleil,
Sous les pieds tortueux des châtaigniers sauvages
Qui couronnent l’Etna de leurs derniers feuillages ;
Et le jour se levait aussi dans notre cœur,
Long, serein, rayonnant, tout lumière et chaleur ;
Les brises qui du pin touchaient les larges faîtes
Y prenaient une voix et chantaient sur nos têtes ;
Par l’aurore attiédis les purs souffles des airs
En vagues de parfum montaient du lit des mers,
Et jusqu’à ces hauteurs apportaient par bouffées
Des flots sur les rochers les clameurs étouffées ;
Des chants confus d’oiseaux, et des roucoulements,
Des cliquetis d’insecte, ou des bourdonnements,
Mille bruits dont partout la solitude est pleine,
Que l’oreille retrouve et perd à chaque haleine,
Témoignages de vie et de félicité,
Qui disaient : « Tout est vie, amour et volupté ! »
Et je n’entendais rien que ma voix et la sienne,
La sienne, écho vivant qui renvoyait la mienne ;
Et ces deux voix d’accord, vibrant à l’unisson,
Se confondaient en une et ne formaient qu’un son !





Et nos yeux descendaient d’étages en étages,
Des rochers aux forêts, des forêts aux rivages,
Du rivage à la mer, dont l’écume d’abord
D’une frange ondoyante y dessinait le bord ;