Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/50

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Les flatteurs aux tyrans ont vendu tes maximes
Elle est encor justice, amour et liberté !

Et l’aveugle raison demande quels miracles
De cette loi vieillie attestent les oracles !
Ah ! le miracle est là, permanent et sans fin,
Que cette vérité par ces flots d’impostures,
Que ce flambeau brillant par tant d’ombres obscures,
Que ce verbe incréé, par nos lèvres impures
Ait passé deux mille ans, et soit encor divin !

Que d’ombres, dites-vous. — Mais, ô flambeau des âges,
Tu n’avais pas promis des astres sans nuages !
L’œil humain n’est pas fait pour la pure clarté :
Point de jour ici-bas qu’un peu d’ombre n’altère ;
De sa propre splendeur Dieu se voile à la terre,
Et ce n’est qu’à travers la nuit et le mystère
Que l’œil peut voir le jour, l’âme la vérité !

Un siècle naît et parle, un cri d’espoir s’élève ;
Le genre humain déçu voit lutter rêve et rêve,
Système, opinions, dogmes, flux et reflux ;
Cent ans passent ; le Temps, comme un nuage vide,
Les roule avec l’oubli sous son aile rapide.
Quand il a balayé cette poussière aride,
Que reste-t-il du siècle ? Un mensonge de plus !

Mais l’ère où tu naquis, toujours, toujours nouvelle,
Luit au-dessus de nous comme une ère éternelle ;
Une moitié des temps pâlit à ce flambeau,