Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/7

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Les reverrai-je un jour ? Mon Dieu ! reviendront-elles,
Ainsi que le ramier qui traversa les flots,
M’apporter un rameau des palmes immortelles,
Et me dire : « Là-haut est un nid pour nos ailes,

Une terre, un lieu de repos ? »

Encore un hymne, ô ma lyre !
Un hymne pour le Seigneur,
Un hymne dans mon délire,
Un hymne dans mon bonheur !


Mon âme est un torrent qui descend des montagnes,
Et qui roule sans fin ses vagues sans repos
À travers les vallons, les plaines, les campagnes,

Où leur pente entraîne ses flots.

Il fuit quand le jour meurt, il fuit quand naît l’aurore ;
La nuit revient, il fuit ; le jour, il fuit encore.
Rien ne peut ni tarir ni suspendre son cours ;
Jusqu’à ce qu’à la mer, où ses ondes sont nées,
Il rende en murmurant ses vagues déchaînées,
Et se repose enfin en elle, et pour toujours !


Mon âme est un vent de l’aurore
Qui s’élève avec le matin,
Qui brûle, renverse, dévore
Tout ce qu’il trouve en son chemin.
Rien n’entrave son vol rapide :

Il fait trembler la tour comme la feuille aride,
Et le mât du vaisseau comme un roseau pliant ;