Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il roule en plis de feu le tonnerre et la nue,
Et quand il a passé, laisse la terre nue

Comme la main du mendiant ;

Jusqu’à ce qu’épuisé de sa fuite éternelle,
Et, comme un doux ramier de sa course lassé,

Il vienne fermer son aile
Dans la main qui l’a lancé.

Toi qui donnes sa pente au torrent des collines,
Toi qui prêtes son aile au vent pour s’exhaler,
Où donc es-tu, Seigneur ? Parle : où faut-il aller ?

N’est-il pas des ailes divines,

Pour que mon âme aussi puisse enfin s’envoler ?


Encore un hymne, ô ma lyre !
Un hymne pour le Seigneur,
Un hymne dans mon délire,
Un hymne dans mon bonheur !

Je voudrais être la poussière
Que le vent dérobe au sillon,

La feuille que l’automne enlève en tourbillon,

Le premier reflet de l’aurore,
L’atome flottant de lumière

Où remonte le soir aux bords de l’horizon,

Le son lointain qui s’évapore,
L’éclair, le regard, le rayon,

L’étoile qui se perd dans ce ciel diaphane,

Ou l’aigle qui va le braver,

Tout ce qui monte enfin, ou vole, ou flotte, ou plane,
Pour me perdre, Seigneur, me perdre, ou te trouver !