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Au monde racheté d’un déluge nouveau
Apportait-il au moins le céleste rameau ?
Était-ce un homme, un ange, ou l’un de ces fantômes
Qui sortaient quelquefois des funèbres royaumes
Pour se faire adorer des crédules humains ?
Nul ne pouvait fixer leurs pensers incertains,
Car à peine avait-il sur ce séjour d’alarmes
Promené quelque temps ses yeux mouillés de larmes,
Et par des mots épars, sur sa bouche expirants,
Interrogé de loin les tristes habitants,
Qu’éclatant en sanglots, se frappant la poitrine,
Et traçant sur son front une image divine,
Saisi d’étonnement, de doute ou de terreur,
Il s’en était enfui poussant un cri d’horreur,
Et frappés de ses traits pâlis par ses menaces,
Les hommes effrayés avaient perdu ses traces !
Maintenant enflammé d’un désir curieux,
Le peuple en grossissant le cherchait en tous lieux,
Et fouillant les rochers, les antres, les ruines,
De ses longs hurlements frappait les sept collines !
Mais la nuit tout à coup, en descendant des airs,
Plongea dans le silence et l’homme et l’univers !


Ce n’étaient plus ces nuits, sœurs du jour, dont les ombres,
Voilant sans les cacher les horizons plus sombres,
Descendaient pas à pas du dôme obscur des cieux,
Et d’un jour plus égal charmaient encor nos yeux,
Alors que, rayonnant sur l’azur de ses voiles,
Les paisibles lueurs des tremblantes étoiles
Voyaient les doux reflets de leurs pâles flambeaux
Dormir sur les gazons ou flotter sur les eaux !
Le disque irrégulier de l’astre aux deux visages
Ne guidait plus leur foule et travers les nuages ;