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son à veiller avec la garde et le planton. » Ce fut fait comme j’avais dit. Je servis pendant huit jours avec plaisir de garde au pauvre blessé ; il était si doux et si reconnaissant !


LIV


Josette revenait de grand matin, de chez sa tante, travailler avec moi à la maison et tenir le comptoir. De temps en temps elle demandait au maréchal des logis la permission de traverser sa chambre pour aller prendre son linge, son fil, ses ciseaux, son dé, dans son armoire. Le jeune homme la regardait et lui demandait bien pardon de la déranger ainsi de son logement ; elle baissait les yeux et lui disait : « Du tout, monsieur, nous sommes trop contentes que vous vous trouviez bien chez nous ; guérissez-vous tranquillement à votre loisir ; nous voudrions seulement que la chambre fût plus propre et le lit meilleur ! » Puis elle me disait : « Il est bien, M. Septime ; il a repris des couleurs. — Tu l’as donc regardé ? que je lui disais. — Non, répondait-elle ; mais je l’ai vu. » Et à chaque instant elle avait oublié quelque chose qu’il fallait qu’elle allât de nouveau chercher dans l’armoire. C’était un sort, quoi ! Je lui disais : « Que tu es donc étourdie, Josette ! tu vois bien que tu déranges pour rien le blessé ! — Oh ! non, disait elle, ça n’a pas l’air de lui faire de la peine ; il ne s’est pas plaint une seule fois ; il a l’air si bon même qu’il m’a dit tout et l’heure : « Mademoiselle, j’ai une sœur qui vous ressemble ; quand vous passez, ça me fait illusion, je me crois chez ma mère ! Pourtant, qu’il a ajouté, elle n’est pas encore si belle que vous ! »