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nous irons le voir partir et faire nos adieux à M. Septime. Je ne veux pas que tu le voies sans moi ce soir ; ça te ferait du chagrin, tu ne pourrais pas dormir, — Ah ! je n’ai pas envie de le voir, qu’elle me répondit ; je ne l’ai que trop vu ; ça me déchirerait là, en montrant son cœur ; j’aime mieux que tu me dises demain : « Il est parti ; que veux-tu ; c’est fini ! » Je vais faire ma prière pour qu’il fasse un bon voyage et qu’il pense à moi jusqu’au retour.

« — Bien ! » que je lui dis ; et je l’embrassai en m’en allant.


LX


« Le lendemain, monsieur, quand je rentrai, je trouvai Josette endormie, ou faisant semblant de dormir encore. Ça m’étonna. Je lui dis, pour tenir ma promesse : « Allons voir partir le régiment. — Non, dit-elle, j’aime mieux rester et me rendormir ; j’ai trop pleuré, on verrait mes yeux, ça me ferait honte. Je ne me sens pas le cœur à la promenade. — Eh bien, lui dis-je en fermant la fenêtre par laquelle le soleil donnait sur sa tête en feu, reste au lit, dis ton chapelet, dors, reconsole-toi ; je vais travailler. »

« Il n’y eut ni plus ni moins entre nous deux à l’occasion du départ du régiment. Seulement, ça m’étonnait que M. Septime ne fût pas venu nous dire adieu. Mais je pensai qu’il avait mieux aimé nous écrire de la première étape.

« Ça alla bien pendant trois ou quatre mois. Josette était sage, raisonnable et rangée comme une religieuse ; elle ne sortait plus que pour aller à l’église ou pour aller